A « Chantier », lors de notre première expérience de formation au permis de conduire (examen théorique), fin 2007 début 2008, nous avons constaté que 75% des stagiaires ont raté l’examen théorique. Ils avaient suivi 18 séances de 3 heures de formation chez nous : ils connaissaient le code de la route.
Après avoir rencontré les stagiaires en échec et essayé d’en diagnostiquer les raisons, nous avons constaté qu’ils étaient dus essentiellement à une mauvaise compréhension des questions d’examen. Bref, à une mauvaise maîtrise de la langue française.
Cette situation est-elle inéluctable ?
Nous ne le croyons pas!
A « Chantier », nous voulons avancer. Poser notre pierre à l’édifice de la lutte contre l’exclusion. Sans donner de l’argent aux exclus. Mais en partageant notre culture. Nous avons constaté que nous n’avions pas les moyens financiers de développer avec notre personnel salarié actuel des formations individualisées en lecture et en écriture. Ce type d’apprentissage requiert un suivi individuel.
Nous avons fait le choix de recourir à des volontaires pour nous aider. Ils sont quatre aujourd’hui. C’est peu. Mais ce n’est qu’un début. Nous voulons avancer parce que nous ne croyons pas que « tout se joue avant six ans » comme l’affirmait le Dr Fitzhugh Dodson, médecin américain, après la guerre de 1945. Non, les principaux apprentissages ne doivent pas nécessairement intervenir dans la petite enfance. Tout ce qu’on n’a pas appris avant six ans peut l’être ensuite. Bien sûr, les enfants qui parlent chez eux une langue pauvre – quelques centaines de mots seulement – auront des obstacles supplémentaires à surmonter. Mais depuis quelques années, la notion de « résilience » est apparue.